Cela faisait déjà quelques mois qu'Hailey Hawkins était arrivée au pensionnat. Elle traînait souvent seule et n'était qu'en contact avec les autres pendant les matchs de basket. Elle n'avait aucun colocataire. Cela ne la gênait pas plus que ça, elle pouvait dormir le week-end sans se faire réveiller, personne ne faisait de crise de somnambulisme en sa présence et surtout, personne n'imposait de règle de vie. C'est comme si elle avait son propre appartement -c'est comme ça qu'elle voyait les choses.
Il y a quelques jours, elle reçut une note la prévenant qu'un nouveau colocataire allait bientôt arriver dans cette chambre. Il y avait une date et une heure. Nous étions donc ce jour fatidique, un samedi et l'heure indiquait treize heures.
Dans un premier temps, Hailey s'était demandé si c'était une fille ou un garçon. Elle parvint toute seule comme une grande à la conclusion que c'était une fille, sachant que ces chers messieurs et ces demoiselles sont séparés. Elle se demandait si sa future colocataire allait être sympathique, ou si ça allait être une vraie peste. Si elle allait crier en pleine nuit parce qu'elle souffrait de troubles du sommeil et de cauchemars intempestifs. Mais surtout si cette fille allait être enfin une amie dans cette grande école. Beaucoup de questions qui tournaient en boucle dans sa tête et auxquels elle allait avoir rapidement une réponse.

Nous étions donc samedi matin. Hailey s'était réveillée très tôt pour ranger les vêtements qui traînaient sur le sol et passer un petit coup de rangement dans la salle de bain. En nettoyant le miroir, elle se demandait si la future colocataire était une de ses filles qui adorent se contempler dans la glace. Ce questionnement la fit sourire. Lorsqu'elle eut finit de ranger, elle jeta un coup d'œil sur son téléphone portable qui indiquait qu'il était onze heures. Parfait, il restait deux heures. Elle décida donc d'aller prendre une bonne douche.

Lorsqu'elle sortit de la douche, elle s'enveloppa les cheveux avec une serviette de bain blanche. Elle entoura son corps d'une serviette de bain rose et sortit de la salle bain. À peine fût-elle sortit que quelqu'un toquait à la porte. Hailey regarda l'heure sur son téléphone posé sur son lit : midi. Non, ce n'était pas la colocataire. Elle s'approcha de la porte.

- Oui c'est pour quoi ?
- Mademoiselle Hawkins ? Ouvrez c'est votre colocataire, elle vient d'arriver avec un petit peu d'avance.

"Merde !" Un petit peu d'avance ? Une bonne heure oui. Hailey se vit dans le miroir qui était fixé sur le mur : elle n'allait tout de même pas accueillir sa colocataire en serviette de bain ? Stressée par le surveillant qui n'arrêtait pas de toquer, tout ce qu'elle trouva à mettre était sa tenue de basket qui était joliment pliée sur le radiateur et qui attendait l'entrainement de cet après-midi. Lorsqu'elle était habillée à peu près convenablement pour recevoir une personne, elle partit en direction de la porte pour l'ouvrir. Un surveillant de grande taille rentra dans la pièce, accompagné d'une jeune fille aux cheveux rouges.

- Voilà, je vous la laisse. Bonne journée à vous mesdemoiselles.

Sur ce, le pion partit. Hailey laissa la nouvelle arrivante passer et alla s'asseoir sur son lit. Elle ne savait pas trop quoi lui dire alors elle dit ce qui lui passait par la tête.

- Bon bah... bienvenue.

(Petit changement de personne, je me sentais plus à l'aise à la première. C:)

- Merci, je suis Takamina Rikai !

Takamina Rikai était donc le nom de ma colocataire. Je commençais déjà à me demander comment j'allais bien pouvoir l'appeler. Taka ou Takamina ? Bon, pour l'instant, je vais déjà l'appeler par son prénom avant de se donner des surnoms, je pense que c'est plus courtois.

- Tu pratiques beaucoup de sport ?

A peine m'avait-elle répondu qu'elle m'avait déjà posé une question. Bon, remarque, c'est plutôt une bonne chose : je ne savais absolument pas de quoi lui parler. Elle ne m'inspirait pas grand chose pour l'instant, mais elle ne semblait pas méchante. Sa question en rapport avec le sport me donna de l'espoir quant au fait qu'elle aussi pourrait en pratiquer. On pourrait en faire ensemble ! Cette perspective encore imaginaire avait vraiment le don de me faire apprécier cette Takamina. Je posais mon regard sur elle et lui répondit avec un sourire.

- Oui ! Je fais du basket depuis trois ans. C'est le seul que je pratique de manière intense, mais sinon j'aime beaucoup la natation, j'espère pouvoir m'entraîner d'avantage ici. Je ne sais pas si tu es au courant, mais il y a un formidable complexe sportif ici.

Je me relevais de mon lit et je croisais de nouveau mon reflet dans la glace accrochée au mur. Ah oui, c'est vrai, j'avais rien trouvé de mieux que mon uniforme de basket pour l'accueillir.

- Comme tu peux le voir j'ai revêtu ma plus belle tenue pour toi, plaisantais-je.

Peut-être que si je lui sors une ou deux blagues ça va la mettre en confiance... Ou peut-être elle va se dire que je suis carrément relou. Si ça se passe comme ça, vaut mieux pas qu'elle me le dise parce que nos relations entre colocataires risqueraient de se dégrader rapidement. J'essayais alors de changer rapidement de sujet histoire de ne pas trop laisser la conversation s'éterniser sur cette... "blague".

- Si tu est sportive on pourrais faire un entrainement ensemble ! Enfin, c'est comme tu le sens hein !

- Oui avec plaisir, ça te dirait de faire un peu de natation à la piscine du complexe sportif demain après-midi ?

Ça, c'est bien. Apparemment, soit elle est extrêmement sportive, soit elle ne connait personne et elle est aussi désespérée que moi. Remarque, dans les deux cas, moi ça me va ! Bien sûr, sa réponse m'enjouait énormément.

- Avec grand plaisir. D'ailleurs, si t'as déjà fais du basket, on pourra en faire un peu plus tard, comme ça tu pourras assister en live à ta défaite !

Je rigolais puis m'allongeais sur mon lit. Je fixais les lattes du lit du dessus. Je songeais. Finalement, tout se passait extrêmement bien. Ma colocataire était sans aucun doute une vraie athlète ! Ça nous ferait pleins de sujets de discussion pour débuter une relation amicale, et après quand on se connaîtra bien, bah on avisera ! Mais... attend qu'est ce que tu viens de dire espèce de débile ? "Assister à ta défaite ?" Alors moi, si je commence à parler de défaite à ma colocataire super sportive et sans doute super compétitive, j'suis vraiment mal partie. Je sais même pas si elle a le sens de l'humour !

- C'est pour rire ! Le "ta défaite" c'est pour rire, hein ! lui lançais-je en me relevant rapidement du lit.

Légèrement confuse, je me rallongeai sur le lit en croisant les bras derrière ma tête. Quelle conne. Ça se trouve je me met dans des états pour rien. Elle va me prendre pour une débile à sortir des trucs comme ça.

- Excuse moi, lui dit-je en tournant la tête vers elle, je connais absolument personne ici et la seule personne à qui je parle je lui dis n'importe quoi !

Je lâchais un petit rire. Faut que j'arrête de lui dire ce qui me passe par la tête parce que j'vais vraiment dire une grosse connerie.

- Au fait, si tu es ici c'est que tu as bien un pouvoir... C'est lequel ?

C'est ça, change de sujet et écarte toi du fait que tu viens de dire que tu n'avais aucun ami.

- J'espère bien que c'est pour rire ! De toute façon, c'est toi qui devrais craindre la tienne !

Elle ne semblait pas trop l'avoir mal prit. Tant mieux. Je l'a vis s'asseoir en indien sur le lit. Lorsque je lui demandais la nature de son pouvoir, elle me répondait qu'elle arrivait à créer des objets par la pensée. C'est plutôt cool, comme pouvoir.
Soudainement, elle usa de son pouvoir pour créer une épée ; elle avait l'air très tranchante. Je me disais que tu pouvais tuer quelqu'un en un clin d’œil avec ce genre de truc; créer des objets. Mais soudainement, Takamina m'enfonça l'épée dans le ventre. Je hurlais et me décalais de plusieurs centimètres d'elle. Lorsque l'épée m'effleura, je n'avais rien senti. Mon cœur battait cependant à cent à l'heure et je lui lançais un regard noir.

-Putain ça va pas, t'es folle ! T'as failli me tuer !

Je soupirais de soulagement. De toute façon, je pense que si les objets ne s'évaporaient pas au toucher, elle n'aurait pas eu ce geste. Je repris donc rapidement mes esprits et me rapprochait d'elle.

- Tu m'as fais très peur, Takamina. Ne refais plus jamais ça.

Cette remarque était inutile puisque je savais maintenant que les objets qu'elle pouvait confectionner ne pouvaient pas être touché par d'autres personnes. Je repris le fil de la conversation, comme si rien ne s'était passé.

- Moi, je peux me métamorphoser en loup fantôme. Je sais pas du tout d'où ça vient et pourquoi je peux me transformer en cet animal, mais c'est plutôt cool. J'ai tous les avantages d'un loup ! En plus y'a moyen de sortir en douce du pensionnat la nuit.

Faut vraiment que je contrôle ce que je dis, parce que là j'vais passer pour une espèce d'enfant rebelle qui n'aime pas obéir au règlement. Décidément, j'ai du mal aujourd'hui?